Année de la BD, Tome 6 : Bande dessinée et cinéma
La première rencontre entre le 9ème art et le 7ème art est à aller chercher de l’autre côté de l’Atlantique, direction les États-Unis.
Bref retour historique
C’est l’auteur de la bande dessinée Little Nemo in Slumberland , Winsor McCay, qui va s’essayer en premier à l’adaptation en dessin animé de sa BD en…1911 !
Au même moment, en Europe, le Français Emile Cohl va puiser dans ses propres dessins pour réaliser ses premiers films animés.
D’ailleurs, il donnera son nom à une célèbre école de dessin lyonnaise, qui forme à de multiples arts : infographie, jeu vidéo, cinéma d’animation, bande dessinée, illustration, dessin de presse. Nombre de dessinateurs, animateurs BD et graphistes y ont fait leurs premières armes.
Enfin, on les connaît très bien, ces héros de l’école franco-belge, qui vont s’animer dès la 2ème moitié du XXème siècle : Tintin, les Schtroumpfs, Astérix et Obélix, Lucky Luke, etc. Des dessins animés qui suscitent la nostalgie, et réveillent en nous notre âme d’enfant.
S’ensuivront des dizaines d’adaptations de nos héros préférés.
Les techniques d’animation
Depuis la réalisation sous forme de dessins animés (Boule et Bill, Titeuf, Astérix, Dragon Ball Z), jusqu’aux techniques les plus élaborées faisant appel à la 2D/3D (Les aventures de Tintin : Le secret de la licorne, Les Schtroumpfs), en passant par le film en images réelles (Les Aventures d’Adèle Blanc sec, l’Enquête corse) ou le film d’animation (Persepolis), une infinité de possibilités s’ouvre aux réalisateurs pour donner vie à ces personnages de papier.
Vers un élargissement du public : les adaptations de BD destinées à un public plus adulte
Quelle place ces BD occupent-elles dans le 7ème art ?
Les bandes dessinées pour adultes portées à l’écran sont nombreuses, même si la qualité des films peut parfois être inégale.
BD, comics, mangas, tous les genres se prêtent aux adaptations, en fonction des projets et aspirations des cinéastes.
Le spectateur, qu’il soit simple amateur ou fin connaisseur en matière de cinéma, ignore souvent que certains films qu’il regarde sont issus d’une bande dessinée.
Inversement, le bédéphile va y voir une occasion de découvrir sous un autre angle des personnages qu’il a accompagnés pendant ses lectures.
Nombreux sont les réalisateurs qui puisent dans ce registre, s’en inspirent, à l’instar des romans, pour livrer une adaptation plus ou moins fidèle au scénario et aux personnages qui prennent vie dans leurs films.
Couronnées de succès, ou au contraire critiquées par une réalisation considérée comme peu convaincante, ces œuvres cinématographiques méritent qu’on s’y attarde.
Des adaptations remarquables
Coup de projecteur sur quelques films, qui donnent à voir la richesse et la diversité des bandes dessinées adaptées, tant pour leur sujet, leur scénario, que pour leurs personnages, souvent hauts en couleurs.
Adapté de la bande dessinée éponyme, le film narre les aventures truculentes de 3 compères de 70 ans, qui se retrouvent à l’occasion des obsèques de la femme de l’un d’entre eux. Road trip burlesque et farfelu, le film distille comique de situation, légèreté de ton, fantaisie mais aussi nostalgie. Trois grandes figures du cinéma se retrouvent à l’écran : Pierre Richard, Eddy Mitchell, et Roland Giraud.
La bande dessinée, quant à elle, nous invite à suivre l’épopée de ces 3 septuagénaires, qui n’est toujours pas terminée : alors que le premier tome a été édité en 2014 chez Dargaud, 4 autres tomes sont parus depuis, le dernier datant de 2018, et ce n’est pas fini.
Le film, adapté de la BD du talentueux Bastien Vivès, relate le parcours atypique d’une danseuse de ballet hors pair, Polina Oulinov.
Sélectionnée à l’âge de 6 ans dans une école de danse prestigieuse, elle va suivre les cours du professeur Bojinski, aussi redouté que respecté, par sa sévérité et son exigence.
A force de travail et de persévérance, elle se retrouvera aux portes du célèbre Ballet du Bolchoï, mais décidera, contre toute attente, de poursuivre une autre voie, qui fera d’elle une chorégraphe de danse contemporaine.
Le film, qui s’autorise quelques libertés en raison du caractère très dense de la BD, possède néanmoins de véritables qualités, tant dans sa réalisation que dans l’interprétation remarquable de la jeune actrice Anastasia Shevtsova. Il parvient en effet à conserver l’esprit de la bande dessinée, exercice difficile quand il s’agit d’adapter un scénario déjà existant…
C’est un véritable conte initiatique que le film nous invite à suivre, une ode à l’émancipation aussi bien artistique que personnelle.
Au milieu d’un monde apocalyptique, hostile et effrayant, un groupe de personnages tente de survivre face à une invasion de zombies prêts à tout pour les éliminer.
Pour les amateurs de cinéma qui ont vu la série télé au succès immense, rien ne laisse penser qu’elle est en fait tirée d’un comics du même nom.
De la même manière que la série enchaîne les saisons, et est toujours en cours de production (pas moins de 10 saisons pour l’instant), le comics a lui aussi enchaîné les tomes (33 au total).
Si la violence et l’angoisse sont les principaux ressorts de la série (BD comme série télé), ceux-ci semblent être davantage accentués dans les comics.
Alors que toutes les planches des comics illustrent, par un dessin brut en noir et blanc, et sans aucune concession ni censure, les actes de violence commis par les uns et les autres, pour tuer, ou pour survivre, la série télé prend quelques libertés par rapport au scénario, et minimise à l’écran les scènes les plus terrifiantes.
A lire et/ou à regarder, pour les plus courageux et les plus patients.
Persepolis
Cette bande dessinée de Marjane Satrapi, autobiographique, a été adaptée par l’auteure elle-même, en collaboration avec Vincent Paronnaud, sous la forme d’un film d’animation en 2007.
Elle y raconte son enfance puis son adolescence en Iran, plus précisément à Téhéran, en pleine révolution islamique, et son entrée dans l’âge adulte à son arrivée en Europe.
Très fidèle à la bande dessinée, réalisé en noir et blanc, le film aborde avec finesse et subtilité les tabous liés à la condition féminine en Iran, et met en avant toute la volonté et la force du personnage pour s’en soustraire.
Bande dessinée et cinéma, un tandem qui a largement fait ses preuves, et qui a encore une belle carte à jouer !
La Médiathèque départementale vous propose une sélection de BD adaptées à l’écran pour les découvrir autrement.
A suivre : Tome 7 : Les adaptations de classiques en bandes dessinées
Pour aller plus loin :
Découvrez le tout jeune festival Bédérama, dont la première édition s'est déroulée en 2019 au Forum des Images à Paris
Une émission consacrée à la BD et au cinéma sur le site de France Culture