Lien retour

Kitnum Imprimante 3D : retour d’expérience

intro-actu

Depuis le début de l'année, la Médiathèque Alain Brayer, à Egliseneuve-près-Billom, a testé l'un des 4 kits baptisés Kitnum. Lancés en 2019, ces kits d'animation proposent au choix une imprimante 3D, un projecteur tactile, des casques de réalité virtuelle, des instruments de musique ou encore des accessoires de dessin pour tablettes numériques.

Image
Kitnum Imprimante 3D
CATÉGORIES
texte-actu

Ce dispositif permet aux bibliothécaires d'expérimenter différentes actions selon leur projet d'animation, mais aussi d'être partie prenante dans la rédaction du futur guide d'utilisation aux côtés de la Médiathèque départementale. Juliette Vogel, médiathécaire à Egliseneuve-près-Billom, a bien voulu répondre à quelques questions.

Quel était l’objectif d’emprunt du Kitnum imprimante 3D ?

L’objectif était de proposer aux adhérents de la médiathèque, aux scolaires ainsi qu’aux associations la possibilité de découvrir, d’utiliser et de soumettre des idées sur l’impression 3D, sur la première partie de l'emprunt du kit.
Plus globalement dans le cadre du projet « Côté Terrasse » un second temps permettra une utilisation concrète autour de la thématique du « Jardin du futur ». Il s’agira de matérialiser un objet ayant trait au jardin, dessiné par les enfants dans le cadre d’animations périscolaires.

Concrètement comment s’est passée la découverte ?

L’équipe de la bibliothèque découvre l’imprimante au mois d’avril. La prise en main de la machine nécessite nombre de manipulations.
Il y a besoin d'une journée pour que l'imprimante soit prête à l'emploi, entre l’installation du logiciel, la connexion au réseau, et la mise en place et le chargement des bobines. Il est clair que cette mise en place nécessite de ne pas être novice.
En soi, avec un peu d’expérience l’utilisation est assez aisée, il faut pourtant compter sur quelques problèmes techniques lors de l’utilisation, qui peuvent rendre l’impression un peu fastidieuse.

Comment avez-vous organisé la présentation de l’imprimante 3D aux usagers ?

Des séances de découvertes tout public, associatives et scolaires ont été organisées afin de connaître les attentes de chacun.
Ainsi, les adultes orientent leurs attentes sur des pièces introuvables dans le commerce ou cassées. Ils sont également intéressés par la machine, appréciant l’utilité industrielle ou médicale qu’elle peut apporter. Un usage domestique peut parfois leur sembler futile.
Les enfants ont quant à eux une approche très différente de l’outil. Les lumières futuristes, les bruit de robot les ont impressionnés. Mais c’est bien là la seule chose qui les impressionne. Pour les plus jeunes, elle n’a rien de plus magique qu’une banale imprimante papier ! Malgré tout ils trouvent la manipulation et le rendu ludique. La médiathèque avait organisé un petit atelier afin d’imprimer des bagues pour la fête des mères.

Après démonstration, les usagers sont-ils en mesure de maîtriser l’outil ?

Nous sommes d’avis que plusieurs séances sont nécessaires avant d'être à l'aise avec l’imprimante. D’ailleurs une assistance permanente leur semble souvent indispensable.

Quel genre d’objets peut-on concevoir ? Quelle utilité peut-on en avoir ?

La majorité des objets 3D trouvés sur les banques de données sont plutôt d’ordre esthétique et ludique (figurines, jouets, gadgets). Quelques objets utilitaires sont cependant proposés. (boîtes, vis, et supports.) Pour la conception les seules limites sont celles de l'imagination.


Comment gérer l’accès à ce genre d’outils dans un lieu public, sachant que l’impression peut prendre du temps ?

Il semble difficile d’imaginer que l’utilisation d’un tel outil se fasse en groupe. Le temps d’impression de certains objets peut paraître long pour certains usagers.
Il serait possible d’organiser l’utilisation en proposant de réserver, d’inscrire son projet sur une liste d’attente ou de laisser le fichier sur une clé usb et demander à la bibliothécaire de l’imprimer. Nous pouvons aussi envisager de prendre en compte les demandes par mail.
Pour ce qui est de la préparation de l'impression, il est possible d’installer le logiciel Cura sur autant d’ordinateurs que nécessaire. Ce qui permet pendant ce temps de ne pas être restreint comme pendant le temps d’impression.

Est-il possible que les adhérents soient démotivés d'attendre leurs impressions ?

La réflexion est sans ambiguïté, l’impossibilité d’imprimer à l’instant donné peut lasser. Cela pourrait primer sur l’intérêt de l’imprimante 3D.

Quels problèmes avez-vous rencontré au fil de l’utilisation ?

La manipulation de l’imprimante s’est avérée compliquée lors de la plupart des impressions.
Le filament de PLA a tendance à s’enrouler sur lui-même et bloquer ainsi son avancée dans le tube. Par deux fois, il a été nécessaire de nettoyer les engrenages d’entraînement du filament, car il avait été rongé par les engrenages qui ne pouvaient continuer leur avancée jusqu’à la buse d’impression.
Lorsque l’on imprime avec deux couleurs de filament, leurs positions entraînent le mélange des deux couleurs sur des impressions longues. Cela peut bloquer l’impression.
Nous nous sommes rendus compte qu’il est nécessaire d’attendre que le filament refroidisse avant de changer la couleur du plastique car sinon le bout du filament de plastique fondu au niveau de la buse s’étire en un fil dans le tube. Cela bloque alors l’imprimante. Tant que ce résidu n’est pas enlevé, il est impossible d’intégrer un nouveau câble.
Le scanner proposé avec la machine est très compliqué à utiliser. Nous ne sommes pas arrivés à réaliser un scan complet d’un objet. L’utilisation d’un trépied supportant le scan avec un plateau tournant pourrait faciliter son usage.

Vous semble-t-il que l’imprimante 3D ait sa place en médiathèque ?

Un atout important pour notre bibliothèque rurale est de proposer la découverte de nouvelles technologies au même titre que les bibliothèques urbaines.
Ainsi, dans son ensemble l’équipe s’accorde sur le fait qu’il s’agit d’une belle expérience de découvrir l’impression 3D. Voir l’imprimante en marche et s’intéresser à son fonctionnement est extraordinaire au sein de la bibliothèque d’un village de 900 âmes.
Tous s’accordent pourtant à dire qu’un objet aussi coûteux et « utilement futile » est presque trop luxueux dans notre médiathèque.
Un réseau pourrait proposer d’autres types d’animations autour de l’impression 3D. Dans peu de temps nous imaginons également que son usage sera plus courant et intégrera certainement de nombreux foyers.